La Vierge des Neiges du lac Miserin, ou la christianisation du culte des eaux.
La légende à la base du culte de la Vierge des neiges, qui est vénérée au sanctuaire du Miserin, est née à Rome. Le 5 août 358, la Vierge serait apparue au pape Libère concomitante à une chute de neige miraculeuse qui aurait indiqué par là le lieu de construction de la basilique de Sainte Marie Majeure. Mais à Champorcher, tout comme dans d’autres sanctuaires alpestres, on raconte une légende un peu différente. Il semble qu'au XVII° siècle, de jeunes bergers auraient trouvé une statue de la Vierge sur les rives du lac Miserin. Cette statue aurait été amenée dans ces lieux par un soldat romain, appartenant à la mythique légion thébaine, dont les rescapés se seraient réfugiés dans ces lieux. Cette légion, dont parle l’évêque Eucher de Lyon au V° siècle, était commandée par Mauritius ; elle aurait été exterminée en raison de son attachement au christianisme dans ce qui est actuellement le village de Saint Maurice dans le Valais. Ces jeunes bergers, qui ont retrouvé cette statue, l’ont amenée dans la vallée pour lui trouver un emplacement plus adéquat. Mais le jour suivant, ils la trouvèrent à nouveau à côté du lac et c’est ainsi qu’ils décidèrent d’y construire une chapelle. Souvent, ces lieux de culte chrétien sont situés à l’emplacement de cultes pré-chrétiens et évoquent des rites anciens, comme l’immersion de la Croix dans le lac. En l’occurrence, la Vierge est considérée comme distributrice d’eau, sous forme de neige ou de lac, indispensable pour les agriculteurs et les éleveurs. Cette référence à des rites anciens se trouve dans l’acte fondateur de la chapelle primitive qui dit que l’on construira un édifice religieux dans le lieu où « les gens étaient habitués à se rendre en procession depuis des temps immémoriaux, pour obtenir la pluie et un temps favorable à l’agriculture ». Chaque année, une procession se rend de Château au Miserin, pendant la nuit du 5 août. Le lendemain, une fête y est célébrée ; des habitants des vallées de Cogne et de la Val Soana y participent aussi. L’actuel sanctuaire a été construit en 1880, tel qu’il est encore à présent, sur les restes de l’ancienne chapelle. En l’an 2000 il fut agrandi. Actuellement l’annexé dortoir pour les pèlerins, a été transformé en un accueillant refuge.